Découvrez l'histoire de la création du Domaine illustrée par une rétrospective de 7 AFFICHES CULTES de l'époque vantant le “Bon vivre au Domaine”…
Ci-dessous, une poésie écrite par Bernard LUCAS (Ancien Président du Conseil de Surveillance)
LES FONDATEURS
Photo d'archives
quelques dates
1967 : Création du Domaine des Canebières
Le Domaine des Canebières est créé le 29 mai 1967. La société civile immobilière (SCI) est propriétaire des 275 hectares qui sont utilisés pour le caravaning.
1980 : Le Domaine des Canebières est racheté par les occupants
Les occupants du Domaine des Canebières réunissent les fonds nécessaires pour racheter l’ensemble du domaine. C’est ainsi que le 26 juin 1980, les statuts de la SCI « Les Collines des Canebières » sont déposés au Registre du Commerce et des sociétés de Fréjus. L'organisation actuelle du domaine est née.
1996 : le domaine obtient le statut de Parc Résidentiel de Loisirs
La SCI « Les Collines des Canebières » procède à de nombreux travaux au sein du domaine, ce qui lui permet d’obtenir le statut de Parc Résidentiel de Loisirs (PRL). Le parc résidentiel de loisirs est un terrain spécialement affecté à l’accueil des habitations légères de loisirs (HLL).
Généralement, les PRL peuvent demander un classement avec l’attribution d'une à cinq étoiles. Cependant, les parts de la SCI étant détenues par les associés propriétaires, le Domaine des Canebières ne peut pas prétendre à ce classement.
7 Affiches cultes de l'époque
HISTOIRE DES CANEBIÈRES
Le court historique (ci-dessous) est basé sur différentes archives en possession de notre Gérance : ce sont des études faites par des sociétaires ou des stagiaires, des documents officiels émis par d’anciens gestionnaires du Domaine et des articles de journaux dont nous conservons les photocopies. Ils sont venus compléter différents souvenirs personnels des uns et des autres. Il n’est qu’un résumé des faits, aussi exact que possible. Puisse, un jour, un sociétaire prendre le temps de rédiger une véritable histoire des Canebières ! Il aura de quoi se faire, et nous faire, plaisir.
Pierre BIVER
LE PARADIS TERRESTRE
« Le Caravaning du Domaine des Canebières » a été créé sur une propriété forestière d’une superficie de l’ordre de 270 ha appartenant à une SCI dont le Gérant était Monsieur BROWN.
L’autorisation préfectorale d’aménagement, datée du 29 mai 1967, a permis à la S.C.I. de confier l’exploitation du futur domaine à la SARL S.E.T.B. (Société d’Etudes et de Travaux Brown), dont le Gérant était aussi Monsieur BROWN, avec un bail de onze ans renouvelables. Ce bail a été transformé en bail emphytéotique, le 17 décembre 1971 : il devenait valable jusqu’au 8 juin 2066 !
MAIS QUI ÉTAIT DONC M. BROWN ?
D’après les documents en notre possession, trois réponses s’imposent : un soldat, un ingénieur, un homme d’affaires.
Soldat, on se souvient de lui comme héros de la deuxième guerre mondiale. Officier canadien dans la RAF, il participa à l’épopée du sous-marin CASABIANCA, puis au débarquement en Corse. Parachuté dans le Massif des Maures en 1944, il fut recueilli et caché par une comtesse de la région. Revenu en France en 1952, il a rendu visite à sa bienfaitrice. Cette dame, décédée la même année, lui a légué 1 500 ha qu’elle possédait entre le Muy et Sainte-Maxime.
Ingénieur du Génie Rural, Monsieur BROWN entreprit alors l’exploitation de sa nouvelle propriété. Il commença par lotir 150 ha pour y créer le Domaine des Charles, qui reste notre voisin. D’élégantes villas y ont été construites sur des terrains d’une superficie minimum d’un hectare. Il décida ensuite de consacrer 270 ha à la réalisation d’un vaste caravaning, comme il en existe aux Etats-Unis. A terme, c’était 2 000 parcelles, de 300 à 600m², qui étaient prévues. Le droit d’entrée pour les locataires était fixé à 500 F et le droit d’usage variait de 12 900 à 15 900 F, selon la parcelle. Chacune était plantée de deux cyprès, d’un olivier et d’un palmier. L’eau, l’électricité et le tout-à-l’égout étaient prévus.
Quelques suppléments restaient à prendre en compte. Un forfait entretien incluant l’eau et l’électricité calculé sur trois mois, était fixé à 300 F par an (+ 50 F par mois supplémentaire). La décoration végétale et florale des jardins, effectuée par un fournisseur imposé, pouvait coûter jusqu’à 5 000 F. Une cabine pour douche/wc en fibre de verre, de type « escargot » coûtait encore 800 F.
En 1968, 200 parcelles regroupées en hameaux étaient terminées et occupées ; dix-sept kilomètres de routes étaient goudronnés ; une supérette était en cours de finition, ainsi qu’une des cinq piscines prévues.
La publicité du Caravaning allait bientôt vanter ce « pays de cocagne », où étaient prévus, entre autres, poste, garage, héliport, minibus assurant la liaison avec les plages, 8 courts de tennis, 5 piscines, équitation, night club, « dans un paradis de 270 ha » !
De 1969 à 1976, M. BROWN allait, de l’avis des anciens, gérer son Domaine avec efficacité, dévouement, mais aussi d’une « main de fer », sans toujours la recouvrir du fameux « gant de velours ». Ne lui arrivait-il pas de passer des nuits à le surveiller, son Domaine ?
LA CHUTE
En 1976, Monsieur BROWN a décidé de se séparer des Canebières. Ses parts ont été rachetées par Madame GOUJON, épouse d’un notaire de Vidauban. La S.C.I. initiale et la S.E.T.B. fusionnent alors pour donner naissance à une S.A.R.L., la S.E.TRA.GE. V. (Société d’Etudes ; de Travaux et de Gestion Varoise), qui était propriétaire du terrain, alors que les utilisateurs en restaient locataires.
Entre le 1er janvier et le 31 décembre 1976, le caravaning est géré par la Société ADMECO, complètement extérieure au Domaine. La nouvelle Gérante, nommée le 14 juin 1976. Mme COUJON, reprend l’administration du caravaning le 1er janvier 1977 : Monsieur HOURCASTAGNE en prend la direction, avec le titre de Directeur Commercial. Dès le 3 janvier, il adresse une lettre aux locataires, expliquant les changements intervenus et se félicitant des bons rapports entretenus au cours de l’exercice 1976 entre la S.E.TRA.GE. V. et ADMECO.
« Et puis, surprise, le 17 décembre 1979, c’est l’annonce de la décision du Tribunal de Commerce de Fréjus », nous apprend un journal local, « …la Société a dû déposer son bilan en raison d’un trop lourd passif (près de 9 millions de francs, si l’on en croit certaines sources). »
Madame GOUJON invoque le refus d’extension à 1 000 emplacements par la commission préfectorale compétente, qui faisait que le Domaine cessait d’être viable. Elle invoque aussi « un redressement fiscal de 1 700 000 F, incombant à la Gérance de Monsieur BROWN », ainsi que la mise en demeure de débroussailler le caravaning avant l’été 1980.
En fait les dettes concernaient pratiquement tous les partenaires habituels d’une société française : le personnel, l’URSSAF, le Trésor Public, l’E.D.F., les ASSEDIC…comme l’apprendront du Juge Commissaire, les Canebièrois présents au Domaine en janvier 1980. La vente aux enchères du Domaine, acceptée par la S.E.TRA.GE. V., sur conversion de saisie en vente volontaire, est alors prévue le 14 février, avec une mise à prix de cinq millions de francs.
ESPÉRER POUR ENTREPRENDRE
C’est alors que l’ASS.U.C. (Association des Utilisateurs des Canebières) qui, jusqu’alors, avait représenté les locataires auprès des instances dirigeantes, a entrepris de nous regrouper pour que nous nous portions acquéreurs de notre Domaine. Elle a demandé à chacun un versement de 25 000 F. Les « occupants sans titre » que nous étions administrativement devenus, bien qu’expulsés, n’étaient pas décidés à se laisser spolier ! Le Vice-président de l’ASS.U.C, présent sur le Domaine, Monsieur MOINE, décédé depuis, l’a fait savoir aux journalistes lors d’une conférence de presse sur le terrain. Il a reconnu lui-même que la partie ne serait pas facile. Il fallait réunir assez de fonds et pouvoir racheter !
Tandis que nos amis Britanniques (plus d’une centaine, avec, pour avocat, Maître DELAPORTE et Maître GROSSIN) et Belges (presque autant avec, pour avocat, Maître DELTENRE) s’organisaient de leurs côtés, l’ASS.U.C. réunit à Paris à l’Hôtel SOFITEL dans le quinzième arrondissement, ceux des locataires qui pouvaient se rendre disponibles (390 personnes). Maître MASSIUS DE COMBRET, notre avocate, était présente. L’ASS.U.C. sut aussi faire parler de nous. Les articles favorables à notre cause n’ont pas manqué dans la presse régionale. Même « Le Monde » nous consacra un article dans son numéro du 17-18 février 1980. L’un des objectifs les plus urgents était de faire reporter la vente, pour nous laisser le temps de réunir les fonds. Monsieur François LEOTARD, alors député de la circonscription, a adressé un télégramme au Préfet pour soutenir notre demande d’un tel report.
Le 14 février, le Tribunal de Grande Instance de Draguignan, après d’âpres discussions entre notre avocate et l’avocat d’un associé de la SE.TRA.GE. V., qui avait opportunément et « avec une célérité extraordinaire » (suivant « Nice-Matin ») racheté à une grande banque une créance hypothécaire, refuse à ce dernier la vente immédiate et la repousse au 3 avril « se fondant sur la notion d’ordre public ». Une enquête sur l’ensemble de l’affaire est aussi demandée à la brigade financière du S.R.P.J. (Service Régional de Police Judiciaire).
Finalement, après d’innombrables démêlés juridiques, financiers et commerciaux - que ne nous détaillerons pas - dans lesquels s’illustrent nombre de nos anciens (outre Monsieur MOINE, il faudrait évoquer aussi les actions de Messieurs ANDRIEU, CASEN, DEPAEPE, HUIGHE, MARTIN, POOLE, TIRY, et bien d’autres), l’affaire débouche sur un accord amiable au terme duquel nous sommes autorisés à racheter le Domaine, pour 5 millions de francs, par décision du Tribunal de Commerce de Fréjus.
Pendant ces quelques mois d’incertitude, les Canebièrois auront vécu en autogestion, moyennant quelques frais supplémentaires pour tous. Pour plus de détails sur cette grande aventure, renseignez-vous auprès des pionniers qui ont conservé leur lot.
Le 26 juin 1980, les Statuts de la S.C.I. Les Collines des Canebières peuvent être déposés. Une S.A., qui restera pour quelques années propriétaire des immobilisations, louées à la S.C.I. est également créée. (On s’est finalement aperçu qu’on allait payer plus de T.V.A. qu’on en récupérerait !)
Pour mieux faire revivre cette époque héroïque à ceux qui l’ont vécue, rappelons qu’en juin 1980, si le débroussaillage est achevé et deux piscines ouvertes, les locaux administratifs et le restaurant demeurent sous séquestre et le téléphone est coupé !
RÉUSSIR ET PERSÉVÉRER
Il restait donc tout simplement à faire vivre ce Domaine, et dans la légalité !
L’Administration venait d’inventer le concept de P.R.L. - Parc Résidentiel de Loisirs - qui semblait convenir à notre profil. Nos responsables élus de l’époque se sont fixés comme objectif l’obtention de notre agrément comme P.R.L. L’opération supposait la mise en conformité du Domaine, encore loin de la définition officielle du modèle (c’est un euphémisme), même si celle-ci était encore floue.
Citons parmi les « incontournables » : la construction d’une station d’épuration autonome (nous fonctionnions alors avec d’improbables fosses septiques), la création d’une réserve d’eau sous pression (la situation d’altitude du Domaine rendait difficile l’obtention d’une pression régulière), la régularisation de notre distribution d’électricité (les anciens se souviennent des prises vissées sur des planchettes à l’entrée des parcelles), l’achèvement puis l’entretien du débroussaillage (les incendies de forêts ont ici une longue tradition).
Du pain sur la planche pour les futurs Gérants et leurs équipes de salariés ! D’abord sous la houlette de Maître HUIGHE, ce sociétaire dévoué et Gérant provisoire, d’autant plus compétent que son expérience d’huissier le mettait à l’aise dans nos problèmes juridiques, puis avec la rigueur toute comptable de Monsieur BOURSAULT, élu Gérant dès le 18 avril 1981, le Domaine va commencer sa longue marche vers la mise en conformité.
Monsieur BOURSAULT consulte les entreprises locales en se faisant aider de Monsieur PRADEAU, géomètre expert, et les travaux pourront commencer en 1982. C’est aussi en avril 1982 qu’il va recruter comme Directeur un certain Monsieur VALENTIN.
En guise de hors d’œuvre, dès mai 1982, à l’occasion d’une visite sur place, le Sous-préfet de Draguignan, nous menace de fermer le Domaine, s’il n’est pas protégé par une ceinture de pare-feu. En un mois, 60 ha seront donc débroussaillés pour le prix de 1 200 000 F, soit aujourd’hui près de 183 000 €.
Notre aventure va se poursuivre, en plusieurs étapes, suivant deux voies parallèles, étroitement interdépendantes, celle du terrain et celle de l’Administration.